La plupart des photos choisies pour illustrer le cours proviennent du site de l'Imperial War Museum. Tu peux consulter ce site (en anglais évidemment) ici.
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La guerre éclate en septembre 1939. Pour avoir une idée de l’état de préparation de l’Angleterre, il suffit de rappeler que le service militaire (6 mois) fut décrété pour les hommes de 20 ans à partir de juillet 1939…
L’évacuation des grandes villes (on envoya les enfants à l’abri à la campagne) commença durant l’été 1939. Le gouvernement anglais redoutait des bombardements, mais il ne se passa rien durant la « phoney war » (la Drôle de guerre). Comme lors de la Première Guerre Mondiale, le BEF (British Expeditionary Force) forme le gros des troupes britanniques engagées en France puis en Belgique.
Photo: Londres en 1939. Elle montre les précautions prises en cas de bombardement.
Soldats britanniques (du BEF) et français le 28 novembre 1939. Ils surveillent un aérodrome et sont assis près d'un abri renommé "10 Downing Street". C'est de l'humour car il s'agit de l'adresse londonienne du Premier ministre anglais.
Entre septembre 1939 et mai 1940, il ne se passe rien sur le front Ouest ou presque. C'est la "phoney war".
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Le gouvernement britannique dirigé par Chamberlain souhaitait éviter un conflit avec Hitler, mais s’était résolu à déclarer la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne. Beaucoup plus combatif que son prédécesseur, Churchill devient premier ministre en mai 1940. A cette date, l’Allemagne a déjà envahi les Pays-Bas, la Belgique et la France et les nouvelles du front sont catastrophiques.
Le 20 mai 1940, les blindés allemands atteignent la Manche. Les soldats français, anglais et belges sont pris au piège, encerclés. Mais alors que les Alliés se battent du mieux qu’ils peuvent, Churchill prend la décision d’évacuer les troupes anglaises en organisant un rembarquement à Dunkerque. Il ne prévient pas ses alliés belges et français ce qui accélère l’effondrement du front.
Churchill, nouveau premier ministre.
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Bloqués dans la poche de Dunkerque sur quelques kilomètres carrés, 400 000 hommes attendent d’être évacués vers l’Angleterre. L’ordre est d’embarquer en priorité les soldats britanniques. Bombardés sans cesse, les soldats prennent place sur de nombreux bateaux envoyés à leur aide. C’est l’Opération Dynamo, qui dure du 26 mai au 4 juin 1940. L’aviation anglaise (la Royal Air Force) et la marine française doivent couvrir l’opération. L’évacuation se déroule dans des conditions épouvantables.
Soldats attendant sur la plage leur évacuation.
Extrait du film Dunkirk (Nolan, 2017), qui relate l'évacuation des soldats bloqués à Dunkerque.
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Environ 340 000 hommes sont évacués : l’intégralité de l’armée britannique ainsi que des troupes françaises et belges. C’est un succès logistique inespéré. Mais tout le matériel a été capturé par les Allemands à Dunkerque et sur toute la côte. L’Opération Dynamo a également réussi grâce au sacrifice de régiments français et belges qui ont retardé l’avance allemande.
Magnifique scène du film Dunkirk, où les bateaux venus de toute l'Angleterre sur ordre de Churchill arrivent pour évacuer (et sauver) les troupes coincées à Dunkerque.
A la question "Que voyez-vous?", l'amiral anglais répond "Home". C'est à dire la maison, la patrie, les sauveurs.
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La France s’effondre et signe l’armistice. Le 18 juin, tandis que le Général de Gaulle lance son célèbre Appel, Churchill déclare : « Je pense que la Bataille d’Angleterre va bientôt commencer ». On parle de « l'esprit de Dunkerque » pour qualifier cet épisode historique qui a renforcé la détermination des Anglais.
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Malgré l’évacuation réussie de son armée encerclée à Dunkerque, la situation demeure critique pour l’Angleterre au début de l’été 1940. La plus grande partie de son matériel militaire a été abandonné sur les côtes françaises. La France s’est effondrée. Sans artillerie ni chars d’assaut, les côtes anglaises paraissent à la merci des Allemands.
Hitler souhaite forcer l’Angleterre à faire la paix. Pour cela, il entreprend de l’isoler avec ses avions et ses sous-marins. Les bateaux qui cherchent à ravitailler les îles britanniques sont régulièrement coulés dès l’été 1940. Cette tactique a pour but de permettre un débarquement allemand : c’est l’opération Seelöwe (Opération Lion de mer). Mais les troupes allemandes ne disposent pas de bateaux de débarquement, et la marine allemande reste largement inférieure à la marine anglaise.
Photo: une maman se sépare de ses deux enfants, probablement envoyés à la campagne chez les grands-parents. On note l'absence du père: il est certainement mobilisé.
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Cependant, en août 1940, Hitler lance malgré tout son aviation (la luftwaffe) sur l’Angleterre afin de détruire ses ports, ses terrains d’aviation, ses systèmes de défense. La RAF (Royal Air Force), c’est à dire l’aviation anglaise, résiste héroïquement. Les pilotes anglais, mais aussi polonais, belges ou français réfugiés en Angleterre, tiennent en échec les pilotes allemands.
Mais malgré tous leurs efforts, les pilotes alliés sont submergés par le nombre de bombardiers ennemis. Le rapport de force est inégal à l’été 1940: 1300 avions pour les Anglais, opposés à 2700 avions allemands. Conséquence pour les escadrilles anglaises : elles effectuaient jusqu’à cinq missions par jour. Côte allemand, les pertes sont terribles : presque 40 bombardiers sont abattus quotidiennement.
En quelques semaines, 200 pilotes anglais meurent au combat. Il faut donc les remplacer par des jeunes inexpérimentés. A l’automne, la RAF semble sur le point de s’effondrer.
photo: pilotes anglais qui rejoignent leurs avions pour partir en mission. Des bombardiers allemands sont en approche.
Le premier ministre anglais, Winston Churchill rendit hommage aux pilotes de la RAF avec ces mots prononcés en août 1940: " Never in the field of human conflict was so much owed by so many to so few". C'est à dire "Jamais dans l'histoire des conflits tant de gens ont autant dû à si peu". Les pilotes anglais, quelques centaines d'hommes, ont en effet protégé des millions de personnes...
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Hitler changea alors de stratégie pour concentrer ses attaques sur Londres, entre le 7 et le 30 septembre 1940. Malgré les raids nocturnes, les Londoniens ne cèdent pas. Surtout : la RAF peut reprendre des forces pendant ce temps.
Les bombardements continueront jusqu’au mois de juin 1941. Des villes comme Bristol, Liverpool ou Southampton sont attaquées. En novembre 1940, Coventry est rayée de la carte.
Finalement, le 27 septembre 1940, l’invasion de l’Angleterre est reportée par Hitler. Elle n’aura jamais lieu. Le bilan de la Bataille d’Angleterre est lourd : près de 1700 avions anglais détruits, 417 aviateurs tués et environ 30 000 civils décédés. Les Allemands ont perdu quant à eux 2300 avions et 2500 aviateurs.
Photo ci-dessus: avion allemand abattu.
A partir de l’été 1940 et jusqu’au printemps 1941, l’Angleterre est attaquée par l’aviation allemande, supérieure en nombre. Les usines, les terrains d’aviation puis les villes sont bombardés. C’est le Blitz. Pourtant, jamais les Anglais n’ont cédé. Mieux : ils sortent victorieux de ce premier affrontement totalement aérien de l’histoire. Comment l’expliquer ?
Une lutte inégale…. pour les Allemands !
On met souvent en avant l’héroïsme des pilotes de la RAF (Royal Air Force) pour expliquer l’échec allemand. Il est vrai que les Anglais combattaient à un contre deux, et enchaînaient plusieurs missions par jour. La question du remplacement des pilotes décédés se posa rapidement. Très vite, la situation devint critique pour l’aviation anglaise…
Photo: une escadrille anglaise avec le célèbre avion Spitfire.
Cependant, il ne faut pas oublier plusieurs éléments. D’abord, la Luftwaffe (aviation allemande) avait subi de lourdes pertes contre les aviateurs français en mai-juin 1940. De plus, ses bombardiers n’avaient pas les moyens techniques d’atteindre le nord de l’Angleterre et donc de détruire toutes les usines d’aviation. Les chasseurs allemands n’avaient quant à eux pas assez de carburant pour escorter les bombardiers jusqu’à leurs objectifs… Les avions anglais, notamment le Spitfire, étaient de meilleure qualité que les avions allemands.
Autre avantage pour les Anglais : le lieu des combats. La défense anti-aérienne des villes causa des pertes importantes aux Allemands. De plus, si un pilote allemand était abattu, il était capturé et ne pouvait reprendre le combat. Enfin, les côtes anglaises étaient équipées de station radar très efficaces pour anticiper les attaques nazies. Stratégiquement, il aurait fallu les détruire.
Photo: station radar anglaise
Une stratégie allemande désastreuse
Hitler se présentait souvent comme un excellent stratège, ce qui était complètement faux. Il avait déjà commis une énorme erreur en permettant le regroupement de l’armée anglaise à Dunkerque, puis en la laissant s’échapper. Durant l’été 1940, alors que son aviation – au prix de lourdes pertes – commença enfin à prendre l’avantage sur l’aviation anglaise, Hitler décida d’accentuer les bombardements sur Londres, au détriment d’objectifs militaires. On sait aujourd’hui que la RAF (Royal Air Force) était sur le point de craquer. Durant l’automne 1940, Londres fût bombardée chaque nuit. Mais cela offrit un répit inespéré aux usines et aux pilotes anglais… En réalité, attaquer les villes anglaises ne fit que renforcer la détermination de Churchill et de sa population.
Photo: incendie à Londres. Pendant de longues semaines, la ville est bombardée toutes les nuits.
Un état d’esprit fantastique
Malgré plusieurs milliers de morts à Londres, la population afficha un courage et une détermination remarquables, comme en attestent de nombreux témoignages (taxis qui roulent même sous les bombardements par exemple). Dans un discours, le premier ministre Churchill expliqua que dans le futur, on parlerait du Blitz comme de l’heure glorieuse du peuple anglais : « Their Finest Hour ». Il ne s’était pas trompé. Dans un autre discours resté tout aussi célèbre, prononcé dès mai 1940, Churchill dit qu’il n’a à offrir que « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ».
Le film Darkest Hour, sorti en 2017, raconte ces moments difficiles où Churchill était à la tête du gouvernement britannique.